Les biodéchets, par leur caractère fermentescible, constituent un type de déchets particuliers, souvent vus comme problématiques alors qu’ils peuvent être source de valeur ajoutée.
L’avenir, c’est la gestion séparée des biodéchets
La gestion séparée des biodéchets représente un enjeu majeur, désormais incontournable pour les collectivités depuis l’adoption de la Loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTE) en 2015.
La LTE fixe :
Les gros producteurs sont déjà obligés de trier les biodéchets à la source depuis 2012. La restauration et le commerce alimentaire sont les principaux acteurs concernés. Depuis le 1er janvier 2016, tous les producteurs de plus de 10 tonnes de biodéchets par an sont soumis à cette obligation.
De même, l’Union Européenne soutient le tri à la source des biodéchets.
Le corpus réglementaire va donc clairement dans le sens du développement d’une filière spécifiques aux biodéchets que ce soit par compostage ou méthanisation.
Faire le choix du tri à la source
La collecte séparée présente au moins quatre avantages:
Les administrés sont prêts à trier leurs biodéchets notamment parce que le retour à l’usager est visible (reprise du compost effective ou utilisation pour l’agriculture locale ou encore biogaz pour les transports en commun). Lorsque les gens trient leurs emballages, ils ne peuvent pas récupérer de plastique ou de verre utilisable directement pour eux même ou pour la collectivité. Les billes de plastique repartent en industrie et les trieurs sont donc déconnectés de l’intérêt de leur geste de tri.
Des expériences de collectivités montrent que la collecte séparée fonctionne
Ce sont plus d’une centaine de collectivités en France qui ont mises en place la collecte séparée sur leur territoire, ce qui fait près de six millions de personnes qui trient leurs biodéchets à la source.
La Loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte laisse à la collectivité territoriale le soin de définir les “solutions techniques de compostage de proximité ou de collecte séparée des biodéchets et un rythme de déploiement adaptés à son territoire”. Différents modes de collecte et d’organisation existent, permettant de s’adapter aux spécificités du territoire et de l’habitat. Attention pour autant à ne pas opposer compostage de proximité et collecte séparée, qui présentent au contraire une intéressante complémentarité.
Composteurs individuels ou en pied d’immeuble, bornes d’apport volontaire et collecte en porte-à-porte, les expériences suivantes montrent que la réussite du tri à la source des biodéchets dépend en partie du choix d’une solution adaptée aux réalités d’un territoire.
La gestion séparée ne coûte pas plus cher
Elle s’effectue dans une démarche d’optimisation globale de la gestion des déchets d’un territoire. Le volume des ordures ménagères résiduelles est considérablement réduit et devient donc moins cher à traiter.
Elle permet d’anticiper la hausse de la Taxe Générale sur les Activités Polluantes (TGAP) sur l’enfouissement et l’incinération qui ne pourra qu’augmenter le coût de la gestion des OMR. Rappelons, par ailleurs, que le coût à la tonne de l’incinération et de l’enfouissement est plus élevé que celui de la méthanisation et du compostage. Mettre en place une collecte séparée des biodéchets permet aux collectivités de réduire leur dépendance aux installations d’élimination.
Le biogaz et le compost sont des produits qui peuvent être vendus et sont donc source de recettes supplémentaires.
La gestion séparée permet d’espacer les collectes des ordures résiduelles, non valorisables ni recyclables. Les biodéchets n’étant plus mélangés avec les ordures ménagères, les odeurs sont nettement réduites. Dans certains cas, les biodéchets peuvent ainsi être collectés une fois par semaine et les déchets résiduels seulement une fois toutes les deux semaines. Dans le cas où un dispositif performant de tri à la source serait mis en place, les déchets résiduels peuvent ainsi être collectés seulement une fois toutes les deux semaines et les biodéchets deviennent la collecte principale, à raison d’une ou deux fois par semaine.
Enfin, en mettant en place la collecte séparée des biodéchets, les habitants sont incités à trier plus et mieux ce qui entraîne un meilleur tri des autres flux et donc des économies pour la collectivité.
Une gestion séparée en lieu et place d’un tri mécano-biologique (TMB)
« Collecter en vrac, pour trier ensuite, est aussi stupide que de cuire une omelette et de prétendre ensuite vouloir séparer les blancs des jaunes ! »
TMB ou PTMB ?
Le TMB est reconnu en Europe (sauf en France) comme une solution de pré-traitement des déchets. Il ne peut être considéré comme un traitement à part entière car il faut coupler l’installation avec une décharge ou un incinérateur pour vraiment traiter, dans le sens « éliminer », l’ensemble des déchets apportés. L’installation permet de stabiliser les déchets avant de les enfouir en décharge, mais sans un retour aux sols agricoles.
Le tri mécano-biologique (TMB) s’applique aux ordures ménagères résiduelles et consiste en l’intrication étroite de plusieurs opérations :
Le TMB n’est pas la solution miracle
Il est vendu comme une machine qui traite TOUTES les ordures ménagères pour en faire du compost et de l’énergie qui sont cruellement nécessaires. C’est faux !
En France le PTMB a d’abord été détourné au profit du TMB comme moyen de production de compost. Or, non seulement cette pratique entraîne des effets dommageables sur l’environnement – notamment la dissémination dans les sols de contaminants contenus dans les poubelles en mélange – mais il faut également constater l’échec retentissant de plusieurs usines, dont les difficultés d’exploitation et les surcoûts de traitement se multiplient.
Un bon exemple de ces dysfonctionnements est le cas de Montpellier et de l’usine Ametyst : odeurs, incendie, enfouissement du compost produit car ne répondant pas à la norme, surcoûts, etc.
On peut également citer l’exemple du Biopole d’Angers. Centre de TMB pourtant censé être un exemple en la matière, il a définitivement été fermé en juillet 2015, seulement quatre ans après sa mise en service. Le site -officiellement fermé pour “préserver la santé et la sécurité des travailleurs” – avait connu de nombreuses défaillances techniques et la colère des riverains, excédés par les odeurs pestilentielles et la présence de mouches.
Lettre de la Chambre Régionale des Comptes du Languedoc-Roussillon au Président de la Communauté d’Agglomération de Montpellier
Une production de compost … qui n’en a souvent que le nom
Parmi les TMB dont certains lots répondent à la norme, on remarque souvent que l’installation a été couplée à une plateforme de compostage de déchets vert. Les composts de TMB sont ainsi « dilués » dans du compost issu de biodéchets triés à la source (les déchets verts). Plutôt que d’utiliser ce compost sain directement, il est mélangé à du « compost » réalisé sur ordures ménagères, en espérant que le résultat réponde à la norme…
Un coût élevé… Pour très peu de résultats!
Au delà des impacts environnementaux, ces installations sont souvent coûteuses pour une très faible efficacité, tant en terme de production de compost qu’en termes de traitement d’autres flux de déchets. Une installation de TMB ne va pas sans son centre d’enfouissement ou son incinérateur.
Pour les installations de TMB produisant du biogaz, la plupart du temps cette énergie produite couvre juste les besoins internes au fonctionnement de l’usine.
A Montpellier, 95% des résidus en sortie du TMB retourne en décharge … Est-ce qu’il était nécessaire d’investir 87,9 millions d’euros dans un tel projet ?
D’autres centres présentent des résultats tout aussi décevants. Le centre de TMB d’Azuréo (Nice) ne produit par exemple que 9,75% de compost sur le total d’OMR entrantes et 12% de CSR. Le reste des déchets est renvoyé en centre de stockage pour inerte ou en incinérateur.
Une évolution législative positive
En généralisant le tri à la source des biodéchets, la loi relative à la transition énergétique rend non-pertinente la création de nouvelles installations de tri mécano-biologique. Celles-ci ne pourront en outre plus prétendre à des aides financières publiques.
Le procédé du TMB a ainsi connu un revers juridique récent, concernant l’usine de Bordères-sur-l’Echez (65). Se basant sur les nouvelles dispositions introduites par l’article 70 de la loi relative à la transition énergétique, le tribunal administratif de Pau a annulé en décembre 2015 l’autorisation d’exploitation d’une nouvelle installation de TMB, condamnant un peu plus l’avenir de ce procédé.
Le jugement précise ainsi :
« Par ces dispositions, le législateur a annoncé de manière claire et précise un objectif de développement de tri à la source des déchets organiques [...], le législateur a également entendu tirer les conséquences de cet objectif en précisant qu’il devait d’ores et déjà être mis un terme au développement des installations nouvelles de tri mécano-biologiques des ordures ménagères résiduelles, lesquelles ne sont plus adaptées à cette nouvelle politique de prévention et de gestion des déchets, et sont même décrites par le législateur comme “non pertinentes” et “devant être évitées”. »
Cette décision pourrait donc à l’avenir motiver l’annulation de nouveaux projets de TMB.
En résumé
Une loi qui impose désormais une obligation de résultats aux collectivités en matière de tri à la source des biodéchets.
Une production de compost de qualité qui est utilisable en agriculture, diminuant ainsi le recours à des intrants chimiques.
Une production de biogaz, énergie 100% renouvelable, valorisable en électricité, chaleur ou carburant, contribuant à diminuer notre dépendance aux énergies fossiles.
Une quantité de déchets résiduels incinérés ou mis en décharge largement diminuée contribuant ainsi à une diminution de la pollution de l’environnement (sols, atmosphère et nappes phréatiques).
Des économies sur la TGAP à laquelle sont soumis les déchets incinérés et mis en décharge.
Des synergies entre les acteurs du territoires (élus, entreprises, agriculteurs, associations) pour la gestion des déchets.
Alors à quand la collecte séparée sur votre territoire ?
Pour aller plus loin :
Le guide des bonnes pratiques sur la collecte séparée des biodéchets du réseau Compostplus
Le retour d’expérience de la Métropole de Grenoble sur différents dispositifs de tri à la source
Soutenez la collecte séparée : SIGNEZ LA PETITION !
Les biodéchets représentent plus du tiers de nos ordures ménagères et sont encore jetés en mélange dans la poubelle avec les autres déchets.
Les trier permettrait de produire un compost de qualité et une énergie renouvelable.
La loi de transition énergétique votée en 2015 prévoit la généralisation du tri des biodéchets en 2025, mais beaucoup reste à faire. Alors interpellons nos élus pour réserver un meilleur avenir à nos biodéchets. Signez la pétition et diffusez-la !